De l'ethnocentrisme au choc des cultures
Résumé de section
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Dix-neuf entrées sont examinées dans ce chapitre : (entre autres) citoyenneté, complexité, Conseil de l'Europe et culture. Des discussions étymologiques dans plusieurs langues ainsi que des exemples de mythes concernant la manière dont ces interculturologies ont été construites et utilisées dans la recherche et l'éducation sont présentés. Des revues de littérature récentes provenant de différents coins du monde servent à démêler les mythologies et idéologies actuelles sur les entrées et aident le lecteur à progresser dans sa propre compréhension et position à leur égard. Des questions critiques et réflexives concluent le chapitre pour soutenir le principe de la criticité de la criticité. Le lecteur est invité à garder ce principe à l'esprit lorsqu'il s'engage dans le contenu de chaque entrée, en observant si et comment l'auteur lui-même le met en pratique lorsqu'il discute des interculturologies qu'il a identifiées.
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Le concept d'adaptation est fréquemment abordé dans les travaux sur l'interculturalité, souvent en lien avec des termes tels que acculturation ou assimilation. Ces notions sont principalement explorées dans le contexte de l'éducation internationale, de la mobilité étudiante et de la migration. Toutefois, la compréhension du terme "adaptation" est loin d'être univoque, ce qui soulève des questions cruciales quant à son application et à ses implications dans les relations interculturelles.
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L'évaluation de la compétence interculturelle est souvent perçue à tort comme une méthode fiable pour mesurer l'interculturalité, comparable à l'évaluation des compétences linguistiques. Cependant, cette comparaison est trompeuse et soulève des questions complexes. Le verbe "évaluer" lui-même a des origines dans le latin et le français, avec des connotations de taxation et de jugement, indiquant dès le départ un lien avec les structures de pouvoir et de contrôle.
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L'hétérographie est un concept qui s'oppose à l'idée traditionnelle de l'autobiographie en tant que récit purement individuel et centré sur soi. Dans une autobiographie classique, une personne raconte sa propre histoire de manière subjective, en se basant sur sa mémoire, ses expériences et son point de vue personnel. L'hétérographie, en revanche, propose une approche plus collective et relationnelle du récit de soi.
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Commençons par déconstruire des mythes communs liés au biculturalisme, tels que l'idée que les personnes biculturelles peuvent naviguer facilement entre deux cultures, ou que le bilinguisme est automatiquement associé à un biculturalisme. Ces mythes simplifient et essentialisent une réalité beaucoup plus complexe. En effet, être biculturel n'implique pas nécessairement une maîtrise égale ou aisée des deux cultures, ni une identité fixe qui se situe entre deux pôles culturels distincts. Cette déconstruction est cruciale pour éviter les stéréotypes et les attentes irréalistes qui pourraient peser sur les individus identifiés comme biculturels.
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L'idée que le monde a un centre a captivé diverses civilisations à travers les époques. Par exemple, dans la Grèce antique, Delphes était considéré comme le centre du monde, marqué par l'histoire mythologique où Zeus libère deux aigles qui se rencontrent à cet endroit précis. De même, dans les traditions religieuses du Tibet, le mont Kailash est perçu comme le centre du monde, étant le domicile de Lord Shiva. En Éthiopie, la ville de Harar est vue comme le berceau de la civilisation humaine selon les légendes locales. Ce concept se retrouve dans l’« axis mundi », un pilier ou arbre central reliant le ciel, la Terre, et les enfers, présent dans plusieurs mythologies, comme Yggdrasil dans la mythologie nordique ou le mont Meru dans l’hindouisme.
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Le concept de "choc des civilisations" est une idée complexe et controversée qui a été popularisée par le politologue américain Samuel Huntington dans les années 1990, bien que le terme ait des racines plus anciennes. Huntington a suggéré que les conflits futurs découleraient principalement des différences culturelles et religieuses entre diverses "civilisations", en particulier entre l'Occident et le reste du monde. Cette théorie a gagné en notoriété, surtout dans le contexte des tensions géopolitiques et des conflits postérieurs, tels que ceux entre les États-Unis et le monde islamique, même si elle a aussi été largement critiquée pour simplifier et essentialiser les différences culturelles.
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Mythes fréquents : La collaboration se fait naturellement quand des personnes de cultures différentes se rencontrent. La collaboration en face-à-face interculturel est meilleure que la télé-collaboration. Collaborer en anglais comme lingua franca est facile.
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Mythes fréquents : Les Chinois sont collectivistes. L'Occident est individualiste. Les individualistes sont égoïstes tandis que les collectivistes se soucient des autres.
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Mythes fréquents : Le terme « communauté » n'est jamais ambigu. Vous n'êtes pas un être humain si vous n'avez pas de communauté. Les communautés peuvent être fusionnées et doivent être protégées et préservées.
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Le concept de complexité, souvent évoqué dans le contexte de la communication interculturelle, est fréquemment utilisé de manière mythologique. Tandis que le conflit est souvent perçu comme négatif et à éviter pour maintenir l'harmonie et éviter les tensions.
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Il est crucial de se méfier des interprétations ahistoriques et apolitiques du confucianisme. Il est également important de reconnaître que le confucianisme ne se limite pas à une pensée chinoise isolée, mais a intégré des éléments d'autres traditions comme le bouddhisme, le christianisme et les sciences occidentales. Cette intégration montre le potentiel de transformation et de recréation du confucianisme dans un contexte moderne.
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La coopération est un concept complexe et multidimensionnel qui ne peut être réduit à une simple opposition à la compétition ou à la confrontation. Les aspects culturels, économiques et politiques jouent tous un rôle dans la manière dont la coopération est vécue et valorisée.
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Le terme cosmopolitisme remonte au début du XIXe siècle, défini comme étant "libéré des préjugés locaux, provinciaux ou nationaux", décrivant ainsi un "citoyen du monde". Cependant, cette conception du cosmopolitisme est souvent perçue comme idéaliste, irréaliste, voire élitiste. Les interviews menées avec des étudiants internationaux, généralement privilégiés, montrent que certains se qualifient de cosmopolites après des séjours à l'étranger, illustrant un imaginaire plus qu'une réalité tangible.
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Définition et Rôle : Le Conseil de l'Europe est une organisation européenne fondée en 1949 pour protéger la démocratie, les droits de l'homme et l'état de droit après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, avec 46 États membres, il vise également à promouvoir l'unité européenne. Le Conseil, distinct de l'Union européenne, joue un rôle influent dans le développement de politiques éducatives, législatives et pratiques, notamment à travers son Département de l'éducation. Son influence s'étend au-delà de l'Europe grâce à ses publications, directives, outils et événements.
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Définition et Contexte : La créativité est un concept souvent exploré dans les discours de recherche et d'éducation sur l'interculturalité, aux côtés d'autres termes clés tels que la réflexivité et la pensée critique. Elle est fréquemment intégrée dans les approches éducatives des institutions supranationales. Par exemple, dans le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de 2022 de l'OCDE, la "pensée créative" a été introduite comme un nouvel élément d'évaluation, définie par la capacité des élèves à générer, évaluer et améliorer des idées pour produire des solutions originales et efficaces.
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Origine et Usage : Le terme "critique" trouve ses origines dans les langues latine, grecque et proto-indo-européenne, signifiant à l'origine un juge ou un censeur, capable de faire des jugements, de distinguer et de décider. En anglais, il est apparu au XVIe siècle sous la forme "censorious", désignant une inclinaison à trouver des défauts.
Dans la recherche sur l'interculturalité, le mot "critique" est omniprésent, souvent utilisé pour se positionner en opposition aux autres. Cependant, cette omniprésence n'est pas toujours accompagnée d'une véritable réflexion critique. Il est donc nécessaire d'exercer ce que l'auteur appelle la "criticité de la criticité"—un processus de remise en question constante de notre propre position critique.
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Définition et Usage : Le culturalisme est un concept de plus en plus utilisé dans le domaine de l'éducation interculturelle et de la recherche. Le terme peut être utilisé de différentes manières selon le contexte, mais il se réfère généralement à l'importance accordée à la culture pour expliquer les comportements et les identités des individus. Le culturalisme est souvent critiqué pour son lien avec l'essentialisme et d'autres idéologies perçues comme déformantes, telles que l'eurocentrisme.
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Origines et Évolution du Concept : Le mot culture tire ses origines de termes liés à l'agriculture et au travail de la terre, avec des racines dans le latin et l'indo-européen. Historiquement, il a également été associé à l'éducation et à l'évolution intellectuelle, avant de se transformer en un concept qui, au cours du XIXe siècle, a commencé à décrire les aspects intellectuels de la civilisation. Au fil du temps, ce concept, initialement dynamique, est devenu plus statique, limitant sa capacité à décrire les transformations humaines et sociales.
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Origines et Contexte Historique : Le concept de l'appropriation culturelle n'est pas nouveau. Historiquement, des figures telles que Napoléon ont utilisé le vol et l'appropriation d'objets culturels pour renforcer leur pouvoir et leur influence. Ces actes d'appropriation, souvent violents, ont façonné des empires et des économies. L'appropriation fait partie intégrante de l'interaction humaine, se manifestant dans l'observation, l'adoption et la transformation des idées, objets et pratiques d'autrui.
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Origine et Contexte du Concept : Le concept de confiance culturelle est principalement promu par le président chinois Xi Jinping pour encourager l'engagement du peuple chinois dans le monde globalisé, en renforçant la fierté nationale et en limitant l'influence occidentale, notamment celle des États-Unis. Ce concept, bien que large et parfois flou, cherche à réaffirmer la place de la Chine dans le monde en valorisant son histoire, sa culture et ses traditions, souvent en mettant en avant des éléments anciens considérés comme des preuves d'une "esprit civilisé".
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Origine et Concept : Le choc culturel est un concept ancien et quelque peu flou, souvent utilisé dans les discours sur l'interculturalité, l'ajustement et l'acculturation. Le terme "choc" est apparu dans le contexte militaire au XVIe siècle et a évolué pour désigner des perturbations mentales au XIXe siècle. Le choc culturel, tel qu'attesté dès 1940, se réfère à la désorientation ressentie lorsqu'une personne est plongée dans un environnement culturel différent ou inconnu.
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