Complexité
Le concept de complexité, souvent évoqué dans le contexte de la communication interculturelle, est fréquemment utilisé de manière mythologique. En étudiant la complexité, on se rend compte que cette notion est utilisée pour éviter la définition ou l'analyse approfondie des phénomènes culturels. Par exemple, lors d'une conférence internationale, l'idée que la culture est trop complexe pour être définie a été employée pour éluder une discussion approfondie. Cette approche a été critiquée car elle laisse la complexité de la culture non examinée et permet de continuer à utiliser des termes sans clarté.
La complexité est omniprésente, touchant divers domaines de recherche comme l'écologie, la physique, la biologie, et même la linguistique appliquée à travers des théories telles que la théorie de la complexité. Cependant, dans le domaine de la communication interculturelle, la complexité est souvent abordée de manière superficielle. L'idée de "simplicité-complexité" (simplexité) est proposée comme une approche pour comprendre cette continuité entre simple et complexe. La complexité ne peut être complètement atteinte ou maîtrisée, car elle est toujours partiellement co-construite et inaccessible dans son intégralité. Les chercheurs et les éducateurs doivent accepter cette réalité et naviguer entre la simplicité apparente et la complexité intrinsèque des interactions interculturelles.
L'œuvre d'Edgar Morin sur la complexité est particulièrement pertinente ici. Morin argue que la complexité ne peut être résolue par des solutions simples ou des lois universelles, mais nécessite une pensée complexe qui accepte les contradictions et l'incertitude. Cette approche est essentielle pour comprendre la communication interculturelle, où les réponses ne sont pas toujours claires et où les contradictions doivent être acceptées comme partie intégrante de l'interaction humaine.
Conflit
Contrairement à la complexité, le concept de conflit semble être évité dans les discussions sur la communication interculturelle. Le conflit est souvent perçu comme négatif et à éviter pour maintenir l'harmonie et éviter les tensions. Cependant, le conflit est une partie inévitable des interactions interculturelles, car il résulte des différences de perspectives, valeurs et idéologies entre les individus ou les groupes.
Le terme "conflit" est étymologiquement lié à l'idée de "frapper ensemble", et il représente des oppositions ou des divergences qui ne peuvent être ignorées dans les relations interculturelles. Les conflits, lorsqu'ils sont gérés respectueusement et constructivement, peuvent mener à des relations plus solides et à une meilleure compréhension mutuelle. Pourtant, de nombreux modèles de compétence interculturelle se concentrent sur la gestion ou l'évitement des conflits, souvent en utilisant des termes empruntés au monde des affaires, tels que "gestion efficace des conflits".
Les récents travaux sur le conflit interculturel, comme ceux de Ting Toomey et Oetzel, se concentrent sur des approches de gestion des conflits plutôt que sur l'exploration des conflits eux-mêmes. D'autres travaux, comme ceux de Holmes et Corbett ou Dai et Chen, tentent de traiter les conflits dans des contextes spécifiques, mais continuent souvent à se concentrer sur des niveaux micro et à adopter des perspectives idéologiques.
Il est suggéré que le véritable problème est que le conflit, loin d'être un obstacle, est un élément nécessaire pour avancer dans les relations interculturelles. Ignorer ou minimiser le conflit empêche de traiter les véritables divergences et peut conduire à des solutions superficielles. Les conflits peuvent offrir des opportunités pour une meilleure compréhension et innovation culturelle si abordés de manière ouverte et respectueuse.
En conclusion, comprendre la complexité et le conflit dans la communication interculturelle implique d'accepter que ces éléments sont intrinsèques aux interactions humaines et qu'ils ne peuvent être complètement maîtrisés ou éliminés. Accepter la complexité comme une réalité et aborder le conflit comme une opportunité plutôt qu'une menace peuvent aider à construire des relations interculturelles plus authentiques et durables.
