Définition et Origines

Le terme coopération dérive du latin cooperari, signifiant "travailler ensemble" (com = ensemble). La coopération est souvent perçue comme un processus visant à atteindre des objectifs communs pour un bénéfice mutuel, et est liée à des idéaux d'interculturalité et de réciprocité. Ce concept est parfois mis en contraste avec l'antagonisme, la compétition et l'opposition, qui sont rarement abordés en profondeur dans les études sur l'interculturalité.

Mythes et Réalités

  1. Compétition versus Coopération : Un mythe courant est que la coopération entre personnes de cultures différentes mènera automatiquement au développement de compétences interculturelles. En réalité, des recherches comme celle de Matsumoto et Hwang (2011) montrent que les interactions interculturelles peuvent parfois produire moins de coopération et plus de compétition que les interactions intraculturelles. Les dimensions de pouvoir, telles que la distance hiérarchique, peuvent influencer ces dynamiques.

  2. Connaissance Culturelle : Un autre mythe est que la connaissance des cultures des autres est essentielle pour une coopération interculturelle réussie. Cependant, les études de Leonard et al. (2012) montrent que les perceptions de la coopération à travers différentes cultures sont souvent façonnées par des facteurs économiques et organisationnels, et non seulement par des différences culturelles fondamentales.

Coopération et Capitalisme

La coopération est parfois considérée comme un moyen de résoudre les conflits et d'améliorer l'efficacité, notamment dans le domaine des affaires. Hofstede, par exemple, a mis en avant la coopération interculturelle comme cruciale pour la survie dans un contexte de compétitivité économique. Dans ses travaux, il y a une tendance à minimiser les conflits et à présenter la coopération comme un moyen de maximiser le profit et l'efficacité, ce qui peut être vu comme une forme de « catastrophisme » où les conflits sont considérés comme des obstacles indésirables à la coopération.

Coopération et Contexte Culturel

Les travaux sur la coopération interculturelle ont souvent été influencés par des hypothèses liées au collectivisme et à l'individualisme, comme le montrent les recherches de Leonard et al. (2012) et Keller et Loewenstein (2010). Cependant, ces approches peuvent négliger les dimensions politiques et économiques qui influencent la coopération. Par exemple, les aspects liés au bien-être et aux systèmes juridiques peuvent moduler la manière dont la coopération est perçue et pratiquée.

Coopération en Éducation

Dans le domaine de l'éducation, la coopération interculturelle est également un sujet d'étude. Veles (2022) a exploré différentes formes de coopération dans l'enseignement supérieur, telles que la coopération transfrontalière et interculturelle entre le personnel académique en Australie et à Singapour. Cette recherche met en évidence l'importance du "troisième espace" comme cadre pour faciliter la collaboration entre différentes cultures.

Défis et Questions Non Résolues

  1. Confrontation et Compétition : La coopération est souvent opposée à la compétition et à la confrontation, mais ces éléments peuvent parfois être complémentaires et nécessaires dans certaines situations. La question se pose de savoir si ces aspects doivent être intégrés comme des pôles d'un continuum, plutôt que comme des opposés absolus.

  2. Impact du Capitalisme : Dans les sociétés hypercapitalistes, où l'argent joue un rôle central dans les relations et les activités, la coopération peut-elle véritablement être équilibrée et réciproque ? La crainte est que certains bénéficient de manière disproportionnée des processus de coopération, surtout lorsque des intérêts financiers sont en jeu.

  3. Bénéfices et Profit : La coopération est souvent liée à des gains personnels ou institutionnels. Il est pertinent de se demander s'il existe des formes de coopération qui ne sont pas motivées par le profit, et comment ces formes pourraient être reconnues et valorisées.

Exemple de Problème de Coopération :

Un exemple personnel illustre les complexités de la coopération interculturelle : lors d'un projet international, un collègue n'a contribué qu'en réservant une salle de réunion, mais a tenté de se mettre en avant pour des récompenses. Cette expérience montre comment les inégalités dans la coopération peuvent conduire à des frustrations et des désaccords sur les bénéfices tirés du projet.

Conclusion

La coopération est un concept complexe et multidimensionnel qui ne peut être réduit à une simple opposition à la compétition ou à la confrontation. Les aspects culturels, économiques et politiques jouent tous un rôle dans la manière dont la coopération est vécue et valorisée. Une compréhension nuancée de la coopération doit prendre en compte ces différentes dimensions pour éviter les simplifications et stéréotypes, et pour permettre une véritable collaboration interculturelle.

Modifié le: samedi 21 septembre 2024, 10:16