Le concept est souvent présenté comme une capacité à communiquer de manière appropriée et efficace entre différentes cultures, avec des éléments standardisés comme les connaissances, les compétences et les attitudes. Cependant, l’article critique ces termes, les jugeant multivalents, vides de sens et conçus pour s’intégrer dans un discours politiquement correct sans réelle réflexion critique sur l’interculturalité. Des modèles, tels que le Developmental Model of Intercultural Sensitivity (DMIS) de Milton J. Bennett, sont fréquemment utilisés, mais sont critiqués pour leur approche trop rationnalisée, programmée, et décontextualisée de la réalité interculturelle. Ces modèles, souvent individualistes, ne tiennent pas compte des dynamiques de pouvoir et des contextes qui influencent profondément les interactions interculturelles.

Un autre point soulevé est la façon dont les programmes d'entraînement à la compétence interculturelle tendent à formater les individus selon des normes prédéfinies, les encourageant à "répéter" des idéologies plutôt que de réfléchir de manière critique à leurs propres expériences interculturelles. Il est noté que la compétence interculturelle est trop souvent associée à la maîtrise linguistique, ce qui pose problème puisque la communication interculturelle va bien au-delà de la langue et inclut des éléments non verbaux et d'écoute active.

L’universalité de la compétence interculturelle souligne que ce n’est pas seulement une compétence pour les voyageurs ou ceux qui interagissent avec des "étrangers", mais quelque chose qui concerne tout le monde dans un monde globalisé. L’accent est mis sur l’importance de reconnaître les dynamiques de pouvoir dans les interactions interculturelles, souvent négligées dans les modèles de compétence interculturelle. Ces dynamiques sont essentielles pour comprendre comment les échanges interculturels peuvent être biaisés et inégaux.

L’article propose des alternatives en dehors de l’Occident, comme le concept chinois de Zhong Yong (la "voie moyenne") ou la philosophie africaine Ubuntu, qui offrent des perspectives plus inclusives et critiques sur la manière de gérer les relations interculturelles. Ces approches mettent en avant l'interconnectivité, la patience, la responsabilité collective et l'harmonie dans la diversité.

La pertinence et la faisabilité du concept de compétence interculturelle affirment que ce concept, ancré dans des idéologies néolibérales, ne peut pas capturer la complexité des relations humaines dans un monde diversifié et globalisé, et cela pose question. L’éducation pourrait jouer un rôle, mais seulement si elle dépasse l’endoctrinement et ouvre un espace pour des réflexions critiques sur les idéologies sous-jacentes et les déséquilibres de pouvoir. Invitons-nous à repenser la compétence interculturelle non pas comme une compétence mesurable ou universelle, mais comme une occasion de remettre en question nos propres biais, stéréotypes et représentations.

Questions supplémentaires :

  • La compétence interculturelle peut-elle vraiment être mesurée dans un monde aussi complexe et irrationnalisable ?
  • Comment les modèles existants influencent-ils concrètement les relations et interactions entre les individus ?
  • Sommes-nous tous compétents sur le plan interculturel puisque la définition même de la compétence interculturelle est biaisée et idéologiquement orientée ?
Modifié le: lundi 30 septembre 2024, 15:59