Définitions et Origines du Terme
Le mot "dialogue" provient du grec et du latin, signifiant littéralement "conversation" ou "discours entre plusieurs personnes". Contrairement à l'idée répandue, il ne se limite pas à un échange entre deux individus, mais évoque plutôt une interaction à travers ou entre différentes personnes, soulignant l'aspect de collecte et d'échange de mots et d'idées.
Problématisation du Dialogue Interculturel
Le "dialogue interculturel" est souvent mentionné dans les politiques internationales, les projets éducatifs et les recherches. Par exemple, Mansouri et Elias (2021) le définissent comme un processus d'échange et d'interaction fondé sur l'égalité, le respect et la compréhension mutuelle entre des individus de divers horizons. Cependant, peu de publications questionnent ses significations et ses connotations dans différents contextes et disciplines.
Haydari (2023) critique l'instrumentalisation du dialogue interculturel par des organisations internationales comme le Conseil de l'Europe et l'UNESCO, le qualifiant de méthode pour "gérer la diversité culturelle". Il souligne également le besoin d'une exploration critique des attributs théoriques et conceptuels du dialogue interculturel, souvent flous et mal définis.
Exemples et Études Contextuelles
- Péters et Besley (2021) analysent comment le dialogue a été abordé dans la philosophie occidentale et au-delà, notant un déplacement vers des formes non dialectiques du dialogue.
- Littlejohn et Li (2022) examinent le dialogue dans la philosophie chinoise, explorant des idées sur l'argumentation, la clarté de pensée et les dialogues historiques entre philosophies chinoises et occidentales.
Le dialogue interculturel a également été étudié dans divers contextes, tels que les politiques éducatives européennes, les relations interculturelles mesurées par l'Indice de Dialogue Interculturel, et dans les domaines de l'art, des religions et des recherches indigènes.
Réflexions Critiques
Le dialogue est souvent utilisé comme un slogan, inclus dans les discours sur l'interculturalité sans réflexion approfondie sur sa signification réelle. Le dialogue n'est jamais automatique ni garanti, il nécessite un engagement à long terme, ce qui est souvent négligé dans notre monde où les résultats immédiats sont privilégiés. De plus, les idéaux tels que le respect et la tolérance sont souvent révisés dans la réalité des rencontres, conduisant parfois à des dialogues "de sourds" où les véritables échanges sont limités.
L'auteur exprime une méfiance envers le concept de dialogue interculturel, en posant des questions cruciales sur qui initie ces dialogues, qui y participe, et quelles sont les conditions concrètes permettant ces échanges. Il souligne que le dialogue ne doit pas être une fin en soi, mais plutôt une série de moments continus de réévaluation et de transformation mutuelle.
Questions de Réflexion
Le texte conclut en invitant à réfléchir sur les mots utilisés pour "dialogue" dans différentes langues et sur ce que leur étymologie et usage actuel peuvent révéler sur l'interculturalité. Le dialogue, selon l'auteur, devrait être un processus interminable d'échanges et de révisions, loin des positions polies et préétablies, et ancré dans la vie quotidienne et les interactions globales.