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Conception de recherches comparatives transculturelles
Les comparaisons transculturelles soulèvent de nombreuses questions méthodologiques importantes qui influencent la qualité des recherches et la validité des résultats. Cette section aborde les problématiques les plus pertinentes pour comprendre la complexité des recherches comparatives transculturelles fiables et valides.
Définir la bonne question de recherche
La partie la plus importante de toute étude, qu'elle soit transculturelle ou non, est de savoir quelles questions de recherche poser. Cela implique de réfléchir à l'objectif de la recherche. La recherche vise à contribuer à un corpus de connaissances représenté par la "littérature scientifique", mémoire institutionnelle et répertoire de savoirs d’un domaine.
Une réflexion sur les conceptions des études doit commencer par une compréhension fonctionnelle de cette littérature, l’évaluation des connaissances existantes, et l’identification des lacunes. Les études doivent répondre à ces lacunes afin que leurs résultats enrichissent la littérature.
Une fois les questions de recherche définies, il faut réfléchir aux méthodes de collecte de données pour y répondre, en tenant compte de questions comme :
- L’étude est-elle exploratoire ou vise-t-elle à tester une hypothèse ?
- Faut-il inclure des variables contextuelles ?
- L’approche est-elle axée sur la structure ou le niveau ?
- Quel est le niveau d’analyse choisi ?
Aucune étude ne peut tout explorer, et il vaut mieux réaliser une étude limitée mais bien conçue que de tenter d’en couvrir trop sans profondeur.
Études de vérification d’hypothèses : établir des liens entre culture et variables psychologiques
Problèmes conceptuels
Un défi majeur pour les chercheurs transculturels est d’isoler les sources culturelles des différences entre groupes. Cela nécessite de documenter empiriquement le rôle des éléments culturels actifs. Pour ce faire, plusieurs questions théoriques et empiriques doivent être abordées :
- Les différences sont-elles vraiment culturelles ? Cela implique de définir ce qu’est (ou n’est pas) la culture et de trouver des moyens de la mesurer.
- Sur quel niveau d’analyse se situe la variable culturelle : individuel ou collectif ?
Certains chercheurs considèrent souvent que la culture produit les différences de manière descendante (top-down). Cependant, il est également possible que des processus individuels façonnent la culture de manière ascendante (bottom-up), ou qu’il existe une interaction entre ces deux dynamiques. Les conceptions de recherche doivent refléter ces modèles théoriques.
Les études de "déballage" (Unpackaging Studies)
Les études de déballage sont des comparaisons transculturelles qui mesurent les variables culturelles susceptibles d’expliquer les différences entre groupes dans des conceptions quasi-expérimentales. Ces études considèrent que la culture est un concept complexe, comparable à un oignon dont les couches doivent être retirées pour identifier les facteurs explicatifs.
Ces variables mesurées, appelées variables contextuelles, remplacent la notion vague de "culture" afin d’expliquer les différences observées. En intégrant ces variables, il est possible d’examiner dans quelle mesure elles expliquent statistiquement les écarts entre groupes.
- Exemple de variables contextuelles :
Les mesures au niveau individuel sont fréquentes pour évaluer les dimensions culturelles comme l’individualisme et le collectivisme (IC). Ces concepts, popularisés par Hofstede et développés par Triandis, englobent les valeurs, croyances, attitudes et comportements.
Niveau individuel de l'IC
Triandis a développé des outils pour mesurer l’individualisme et le collectivisme au niveau individuel, comme le "horizontal" (égalité entre membres d’un groupe) ou "vertical" (relations hiérarchiques). D'autres mesures, comme celles sur l’orientation temporelle ou l’évitement de l’incertitude, ont également été utilisées pour relier des différences culturelles à des variables individuelles.
Études illustratives
- Matsumoto et al. (2002) ont démontré que les différences entre Américains et Japonais dans leurs jugements émotionnels étaient liées à des variations d’IC au niveau individuel. Ces résultats montrent que l’intégration de variables contextuelles permet de clarifier des différences culturelles ambiguës et de les lier empiriquement à des dimensions spécifiques.
En conclusion, ces approches contribuent à une compréhension plus nuancée et validée des relations entre culture et psychologie.
Échelles de perception de soi
Les développements théoriques sur les perceptions de soi ont conduit à l’élaboration d’échelles mesurant l’indépendance et l’interdépendance au niveau individuel, notamment l’Échelle de Perception de Soi (Self-Construal Scale) de Singelis (1994). Dans l'une des premières études de déballage utilisant ce concept, des différences culturelles en matière d’estime de soi et de sensibilité à l’embarras ont été reliées empiriquement aux variations individuelles de perceptions de soi (Singelis et al., 1999). Aujourd'hui, plusieurs autres échelles de perception de soi existent).
Personnalité
Bien que la personnalité ne soit pas synonyme de culture (voir le chapitre 1), elle est souvent utilisée comme variable contextuelle dans les études transculturelles en raison de ses associations avec de nombreux processus psychologiques. Par ailleurs, des différences dans les traits de personnalité agrégés entre cultures sont bien documentées.
- Exemples : Les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande se distinguent par des niveaux élevés d’extraversion, tandis que la France, l’Italie et la Suisse romande présentent des niveaux élevés de névrosisme (voir chapitre 6).
Matsumoto (2006a) a étudié la régulation émotionnelle – la capacité des individus à moduler leurs émotions – aux États-Unis et au Japon. Il a démontré que les différences culturelles en régulation émotionnelle étaient liées à des traits de personnalité comme l’extraversion, le névrosisme et la conscience. Ces résultats montrent que les différences « culturelles » apparentes peuvent être expliquées par des écarts de personnalité entre les cultures.
Pratiques culturelles
Les pratiques culturelles, comme les méthodes d’éducation des enfants, les relations interpersonnelles ou les visions du monde, constituent un autre type de variable contextuelle important. Par exemple :
- Heine et Renshaw (2002) ont montré que les Américains et les Japonais différaient dans leurs préférences envers autrui :
- Les Américains préféraient les personnes partageant leurs opinions.
- Les Japonais appréciaient davantage les personnes avec lesquelles ils entretenaient des relations interdépendantes ou familières.
Ces différences culturelles ambiguës ont ainsi été expliquées par des variables spécifiques liées aux pratiques culturelles.
Expériences
Les expériences sont le second type majeur d’études de liaison. Contrairement aux études de déballage, qui sont quasi-expérimentales, les expériences permettent d’établir des relations de cause à effet en manipulant des conditions et en assignant aléatoirement les participants à ces conditions.
Études de conditionnement (Priming Studies)
Les études de conditionnement manipulent expérimentalement l’état d’esprit des participants pour observer des changements de comportement.
- Exemple : Trafimow, Triandis et Goto (1991) ont demandé à des participants américains et chinois de réfléchir pendant deux minutes :
- Individuel : « Pensez à ce qui vous rend différent de votre famille et vos amis. »
- Collectif : « Pensez à ce que vous partagez avec votre famille et vos amis. »
Les participants complétaient ensuite des phrases commençant par "Je suis ___". Les réponses étaient codées selon qu’elles reflétaient une orientation individuelle ou collective.
- Résultats :
- Les Américains ont généré plus de réponses individuelles que les Chinois, mais le conditionnement a fonctionné :
- Ceux conditionnés à réfléchir à leurs différences ont produit plus de réponses individuelles, quel que soit leur origine culturelle.
- Ceux conditionnés à réfléchir à leurs similarités ont produit plus de réponses collectives.
- Les Américains ont généré plus de réponses individuelles que les Chinois, mais le conditionnement a fonctionné :
Études comportementales
Les études comportementales manipulent l’environnement pour observer des changements de comportement.
- Exemple : Yamagishi (1986) a étudié la coopération au Japon en distinguant les participants en fonction de leur niveau de confiance (haut/bas). Les participants devaient décider s’ils coopéraient en partageant de l’argent, avec ou sans système de sanction :
- Sans sanctions : Les individus avec un haut niveau de confiance coopéraient davantage.
- Avec sanctions : Ceux ayant un faible niveau de confiance coopéraient davantage.
Cette étude a été reproduite aux États-Unis avec des résultats similaires, montrant que les différences de coopération observées dans la culture japonaise résultaient du système de sanctions et non d’un trait culturel intrinsèque.
Vérification de la compréhension
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Pourquoi la culture est-elle comparée à un oignon ?
- La culture est complexe et composée de nombreuses couches qu'il faut analyser pour identifier les facteurs explicatifs.
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Pourquoi les études de déballage sont-elles nécessaires ?
- Elles permettent de remplacer le concept vague de « culture » par des variables spécifiques et mesurables, offrant des explications empiriques aux différences observées.