Les origines culturelles des participants

Types de comparaisons interculturelles

Les études comparatives interculturelles impliquent des participants issus de deux cultures ou plus qui fournissent des données sur des variables psychologiques d'intérêt. Les données obtenues des différents échantillons culturels sont comparées entre elles. Ces comparaisons permettent de tirer des conclusions sur les similitudes ou différences interculturelles concernant les variables étudiées. Elles constituent l’épine dorsale de la recherche interculturelle et peuvent être classées de plusieurs façons.

Études exploratoires versus tests d’hypothèses

Une façon de comprendre les comparaisons interculturelles consiste à différencier les études exploratoires des études de test d’hypothèses. Les études exploratoires sont conçues pour examiner l’existence de similitudes et de différences interculturelles. Elles le font en comparant uniquement les données psychologiques entre les cultures afin de conclure à la présence ou l’absence de différences. Leur principal avantage réside dans leur portée large, utile pour identifier des similitudes et différences interculturelles, notamment dans des domaines ou populations peu étudiés. Leur principal inconvénient est leur capacité limitée à expliquer les causes des différences observées.

Les études de test d’hypothèses vont au-delà des études exploratoires et examinent pourquoi des différences culturelles peuvent exister. Elles incluent des variables susceptibles d'expliquer les différences observées, et utilisent des procédures statistiques pour démontrer que ces variables justifient effectivement les écarts dans les données. Ces études permettent des inférences plus poussées. Les études de test d’hypothèses intègrent des facteurs contextuels dans leur conception, contrairement aux études exploratoires. Les facteurs contextuels sont des variables qui peuvent expliquer, partiellement ou totalement, les différences culturelles observées dans une étude (Poortinga et al., 1987). Il peut s'agir de caractéristiques des participants, comme la personnalité ou l'âge, ou d'autres variables permettant d’opérationnaliser la culture.

Études orientées sur la structure versus le niveau

Les études interculturelles diffèrent également selon qu'elles sont orientées sur la structure ou sur le niveau.

• Les études orientées sur la structure examinent la nature des constructions psychologiques (par exemple, la dépression est-elle conceptualisée de la même manière dans toutes les cultures ?) ou leurs associations avec d'autres constructions (par exemple, la dépression et l'anxiété sont-elles positivement liées dans toutes les cultures ?). Ces études utilisent des tests statistiques d’associations pour identifier des similitudes et des différences dans ces associations entre les cultures.
• Les études orientées sur le niveau comparent les niveaux moyens des scores entre les cultures (par exemple, les groupes culturels ont-ils les mêmes niveaux moyens de dépression ?). Elles testent si les personnes de différentes cultures présentent des niveaux différents pour certaines variables, en utilisant des tests statistiques des différences entre moyennes.

Études individuelles versus écologiques (culturelles)

Une autre distinction concerne les niveaux d’analyse : individuel ou écologique (culturel). Le niveau d’analyse désigne les données utilisées pour la comparaison.

• Les études au niveau individuel sont le type d’étude le plus courant en psychologie, dans lesquelles les participants fournissent des données, et celles-ci constituent l’unité d’analyse.
• Les études au niveau écologique ou culturel utilisent des pays ou des cultures comme unité d’analyse. Les données peuvent être obtenues auprès d’individus, mais elles sont moyennées pour chaque culture, et ces moyennes servent de points de données. Par exemple, des données nationales peuvent provenir de statistiques démographiques, de la température moyenne ou des précipitations.

Un exemple célèbre d'étude écologique est celle d'Hofstede (1980), décrite au chapitre 1. Hofstede a analysé les moyennes nationales de 63 items relatifs aux valeurs professionnelles à partir des réponses de plus de 117 000 employés d’une entreprise multinationale dans 40 pays. Cela a abouti à des dimensions bien connues comme l’individualisme vs le collectivisme, la distance au pouvoir, ou encore l’orientation à long terme vs court terme.

Études multiniveaux

Les données des niveaux individuel et écologique peuvent être combinées dans des études multiniveaux. Ces études utilisent des techniques statistiques sophistiquées (modélisation multiniveaux, ou MLM) pour examiner les relations entre les données de différents niveaux. Par exemple, elles peuvent explorer comment les différences individuelles dans une tâche cognitive (niveau 1) sont liées aux traits de personnalité (niveau 2) et comment ces traits sont liés aux valeurs culturelles (niveau 3).

Un point important à retenir est que les résultats des études au niveau écologique ne se traduisent pas nécessairement en phénomènes individuels, et vice versa. Appliquer des conclusions écologiques à des individus constitue une erreur écologique (Campbell, 1958). Par exemple, bien que Hofstede ait défini l’individualisme et le collectivisme comme des dimensions opposées au niveau écologique, les études au niveau individuel montrent que les individus peuvent présenter à la fois des tendances individualistes et collectivistes.

Questions de compréhension

1. Décrivez les différences entre les trois types d’études comparatives interculturelles.
2. Quelle est la différence entre les études au niveau individuel et celles au niveau écologique ?