Le terme "voix"
Le terme "voix" en écriture de dialogues peut se référer soit à la voix de l'auteur/scénariste, soit aux personnages d'un script. Lorsqu'il s'agit de l'auteur, cela désigne une qualité unique et individuelle que celui-ci insuffle dans l'ensemble de ses œuvres. Par exemple, en évoquant "la voix de Quentin Tarantino", on imagine un style particulier qu'il parvient à imprégner dans tous ses scénarios. Ce style ne concerne pas uniquement les dialogues, mais aussi les thèmes et les sujets qu'il aborde. Les spectateurs de ses films s'attendent à retrouver des personnages "tarantinesques" (marginaux, éthiquement discutables, loquaces et fascinants) et des histoires (sans foi ni loi, moralement ambivalentes, angoissantes mais humoristiques).
De nombreux écrivains se montrent extrêmement agiles et polyvalents dans les différents types de scénarios sur lesquels ils travaillent. Leurs scripts, qu'ils soient pour une comédie ou un drame, reflètent une qualité professionnelle sans pour autant être immédiatement identifiables à un style particulier. Tous les auteurs ne laissent pas une empreinte spécifique reconnaissable à chaque œuvre. Cependant, des écrivains comme Tarantino ou Aaron Sorkin se distinguent par une voix distincte.
Sorkin, par exemple, est connu pour ses dialogues particulièrement "verbeux", très articulés, prononcés par des personnages intelligents souvent confrontés à des dilemmes moraux. Ce style devient alors sa marque de fabrique, associée à ses œuvres, tout comme celle de Tarantino.
L'autre utilisation du terme "voix" fait référence à la manière unique dont un personnage s'exprime et à son style particulier. Dès que nous rencontrons Jesse dans Breaking Bad de Vince Gilligan, nous percevons immédiatement son mode de pensée et de parler :
JESSE Je sais pas ce que tu crois faire ici, M. White. Si tu comptes me balancer des conneries sur Jésus ou je sais pas quoi, pour que je me rende... WALT Non. Pas vraiment.
JESSE Tu n’es pas "Welcome Back, Kotter", alors lâche-moi. Pas de discours.
Sarcastique, cynique, vif d'esprit et provocateur — c’est son attitude durant la majeure partie des cinq saisons. Bien sûr, il y a bien plus que cela chez lui ; il devient même le cœur émotionnel de la série, souvent révélé plus par ses actions que par ses paroles. Cependant, il possède un style vocal constant qui le caractérise, et cela participe à le définir. Cette voix devient un point de repère pour les spectateurs, qui s'attendent à l'entendre chaque fois qu'ils regardent Breaking Bad.