Séquences linéaires et non-linéaires

Dans une séquence linéaire d'événements (comme illustré dans le Chapitre 1, Figure 1.1), on reconnaît un monde narratif défini par un cadre historique (par exemple, un genre romantique et guerrier), des éléments dynamiques comme les personnages (roi, reine, ennemis), et une séquence logique prédéfinie (par exemple, "la guerre éclate, puis le roi meurt").

Dans un modèle hiérarchique multi-linéaire (voir Figure 1.2), on retrouve les mêmes éléments, mais avec plusieurs séquences logiques possibles. Enfin, dans un modèle hypertextuel (voir Figure 1.4), ces facteurs sont les mêmes, mais le nombre de séquences logiques augmente, créant une structure plus complexe. La complexité croît de manière exponentielle avec le nombre d'unités et de connexions.

Gestion de la complexité narrative

Pour gérer cette complexité, il faut organiser le matériel narratif. Une solution simple est de regrouper les événements similaires par thème ou action (comme illustré dans la Figure 2.1). Par exemple, on peut structurer une histoire en trois parties : un début, un milieu, et une fin, chaque section étant reliée de manière logique aux autres. Cette structure en trois parties pourrait correspondre à trois chapitres, chacun se déroulant après un événement particulier, comme la victoire ou la défaite du roi (voir Figure 2.2).

Cependant, chaque chapitre peut contenir plusieurs variations. Par exemple, dans un chapitre, le roi peut être vaincu immédiatement ou après avoir tué de nombreux ennemis, ou il peut mourir trahi. Ainsi, chaque chapitre peut être vu comme un réseau multi-linéaire ou hypertextuel de possibilités menant à différents états du monde.

Simplification des structures hypertextuelles

Pour simplifier la complexité des structures hypertextuelles, une solution consiste à encapsuler ces réseaux dans une structure hiérarchique divisée en chapitres (comme illustré dans la Figure 2.3).

Cela permet d'éviter une prolifération excessive des branches narratives. Par exemple, dans The Invisible Guardian (voir Chapitre 6, Section 6.17), la structure narrative est organisée en chapitres (ou niveaux de jeu). À chaque chapitre, l'utilisateur fait plusieurs choix à différents moments, mais au début, un seul choix mène au chapitre suivant, tandis que les autres provoquent une fin prématurée. À mesure que l’utilisateur comprend mieux la situation et les personnages, l’intrigue se ramifie davantage, offrant plusieurs intrigues complexes avec des fins alternatives.

Conclusion

La division des structures narratives complexes en chapitres permet de gérer la complexité des récits interactifs en offrant des choix limités au début, puis en permettant des bifurcations plus importantes à mesure que l’histoire progresse. Cela équilibre l'agence de l'utilisateur (sa capacité à choisir) avec la directionnalité de l'histoire (le déroulement contrôlé par l'auteur).

Modifié le: jeudi 10 octobre 2024, 17:25