1. Contexte économique et défis du Sri Lanka

Le Sri Lanka a cherché à renforcer ses relations commerciales après la fin du conflit interne en 2009, dans le but de stimuler ses exportations et attirer des IDE. Cependant, malgré une augmentation des échanges, le pays ne dispose toujours pas d'accords de libre-échange (ALE) avec ses principaux partenaires, les États-Unis et la Chine. De plus, les flux d'IDE provenant de ces grandes puissances restent modestes par rapport aux volumes commerciaux.

2. Relations commerciales et IDE entre le Sri Lanka et les États-Unis

Les États-Unis représentent le principal marché d’exportation du Sri Lanka, absorbant environ un quart des exportations totales du pays, principalement des vêtements. Entre 2010 et 2019, l'excédent commercial bilatéral du Sri Lanka avec les États-Unis est passé de 1,7 à 2,3 milliards de dollars. Cependant, les IDE américains au Sri Lanka sont limités, représentant seulement 2 % des IDE totaux entrants dans le pays entre 2013 et 2019.

Obstacles aux IDE américains :
  • Distance géographique : Le Sri Lanka est éloigné des États-Unis, ce qui limite l'attractivité pour les investissements manufacturiers.
  • Taille du marché : Avec une population de seulement 21,8 millions d'habitants, le Sri Lanka dispose d’un petit marché intérieur.
  • Environnement des affaires : Le classement du Sri Lanka au 99e rang du classement Doing Business 2020 de la Banque mondiale reflète un environnement des affaires peu favorable, avec des problèmes liés à l’enregistrement de propriétés, à l'application des contrats et au paiement des taxes.
Tentatives d'amélioration :

L'accord-cadre sur le commerce et l'investissement (TIFA) signé en 2002 avec les États-Unis visait à résoudre les différends commerciaux, mais n'a pas débouché sur un ALE. Les États-Unis n’ont pas priorisé cet accord en raison de la petite taille du marché sri-lankais et de l'absence de gains commerciaux significatifs.

3. Relations commerciales et IDE entre le Sri Lanka et la Chine

Contrairement aux États-Unis, le Sri Lanka entretient un déficit commercial important avec la Chine, qui a doublé entre 2010 et 2019 pour atteindre 3,9 milliards de dollars. Ce déficit est principalement alimenté par l'importation de biens d'équipement pour des projets d'infrastructure. La Chine a investi 1,7 milliard de dollars au Sri Lanka entre 2013 et 2019, mais ces investissements sont largement concentrés dans les infrastructures, et non dans le secteur manufacturier.

Défis pour les IDE chinois :
  • Risque perçu : Comme pour les États-Unis, les investisseurs chinois perçoivent le Sri Lanka comme un environnement risqué pour les investissements manufacturiers en raison de l'instabilité politique et des infrastructures limitées.
  • Accord de libre-échange : Les négociations d’un ALE avec la Chine ont stagné en 2017 en raison de désaccords sur la vitesse de libéralisation tarifaire. Les PME sri-lankaises craignent de ne pas pouvoir concurrencer les importations chinoises subventionnées.

4. Impact sur le secteur du tourisme

Le tourisme représente une source importante de revenus pour le Sri Lanka. Les arrivées de touristes chinois (9 % des arrivées totales entre 2010 et 2019) surpassent largement celles des touristes américains (3 %), en raison de meilleures connexions aériennes et d'un marketing plus ciblé. La pandémie de COVID-19 a gravement affecté ce secteur, mais la Chine demeure un marché clé pour la relance.

5. Assistance au développement : États-Unis vs Chine

Les deux puissances offrent des formes d'aide différentes. Les États-Unis privilégient les subventions, notamment via l'USAID, tandis que la Chine accorde principalement des prêts commerciaux pour financer des infrastructures. Le projet controversé du port de Hambantota, financé par des prêts chinois, a suscité des craintes de dépendance financière à la Chine, bien que ce port soit désormais plus rentable sous la gestion d'entreprises chinoises.

Leçons du projet MCC avec les États-Unis :

Un compact de 480 millions de dollars proposé par la Millennium Challenge Corporation (MCC) des États-Unis en 2019 a été annulé en raison de l'opposition interne et de la méfiance envers les intentions américaines. Cela reflète les défis politiques auxquels le Sri Lanka est confronté dans la gestion de ses relations avec les grandes puissances.

Conclusion

L’étude de cas montre que le Sri Lanka tente de naviguer dans un environnement international complexe en maintenant des relations économiques avec les États-Unis et la Chine. Si les États-Unis restent un partenaire commercial clé pour les exportations de textiles, la Chine est essentielle pour les investissements dans les infrastructures. Cependant, les deux relations sont marquées par des défis, notamment le déficit commercial avec la Chine et les faibles flux d’IDE avec les deux puissances. Le Sri Lanka doit améliorer son environnement des affaires et avancer dans les négociations commerciales pour maximiser les bénéfices de ces relations.

Recommandations :
  • Renforcement de l'environnement des affaires : Réformer les procédures administratives pour attirer davantage d'IDE, notamment en matière de fiscalité et de règlement des litiges.
  • Diversification des exportations : Développer d'autres secteurs au-delà des vêtements pour accéder à de nouveaux marchés.
  • Gestion de la dette : Élaborer une stratégie de gestion de la dette pour éviter la dépendance excessive vis-à-vis des prêts chinois, tout en continuant à attirer les IDE dans les infrastructures.
Modifié le: jeudi 2 janvier 2025, 16:23